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8 octobre 2009 4 08 /10 /octobre /2009 18:20


Il y avait dans le vieux village de St Herbot, une vieille maison où vivait un vieil homme. Chaque soir, assis devant la vieille cheminée, il restait de longues heures à discuter avec son ami le grillon.

- Grillon, petit grillon, fidèle gardien de ma maison. Je me fais vieux, si vieux. Hier, il m’a semblé entendre la karrigell de l’Ankoù*, je sens bien que le temps m’est compté et demain j’irai voir le recteur* pour mettre mes affaires en ordre avec Dieu.

Le lendemain le vieil homme fit ce qu’il avait dit, après s’être longuement confessé, il fit au recteur la demande suivante.

- Avant de mourir recteur, je veux faire un dernier vœux. Ma maison est mon seul bien et je veux dans ma mort comme de mon vivant rester près de la cheminée en compagnie de mon ami le grillon. Je veux donc que l’on m’enterre dans ma maison sous l’âtre de la cheminée.

Surpris par cette demande, le recteur s’y opposa avec force. Etre enterré dans un lieu autre que l’enceinte sacrée du cimetière n’était pas chrétien, mais devant l’insistance du vieil homme il fit mine de céder.

- ça ne fait rien se disait il. Une fois passé de vie à trépas nous le mettrons là où il doit être, le bon Dieu me pardonnera ce pieux mensonge.

Le soir même, le vieillard assis devant sa cheminée, s’endormit du sommeil dont on ne se réveille et ce soir là son ami le grillon s’arrêta de chanter.

Le lendemain, on fit creuser un trou au cimetière et le corps du vieil homme y fut déposé loin de sa chère demeure. Après une dernière bénédiction le recteur retourna à son presbytère. Oh ! Il n’avait pas la conscience tranquille, dame ! Ne pas respecter la dernière volonté d’un mort cela ne se fait pas, en terre bretonne.

Couché dans son lit clos il ne parvenait pas à trouver le sommeil, un grillon s’était introduit chez lui et son cri-cri lancinant semblait dire : recteur menteur, recteur menteur. Quand notre homme trouva enfin le sommeil, ce fut pire encore. Dans son rêve il voyait posé dans la cheminée un crâne humain dont les orbites vides le fixaient puis sortant de l’un de ceux-ci un grillon se mettait à chanter, recteur menteur, recteur menteur. Inutile de vous dire que ce fut la nuit la plus épouvantable qu’ait jamais passée le recteur.

Certaines personnes du village prétendent avoir vu dans la pâle lueur de l’aube, un fantôme en bonnet de nuit portant une pelle et trainant un grand sac au sortir du cimetière. Les gens racontent que ce serait l’ankou, mais dimanche à la messe monsieur le recteur l’a affirmé dans son sermon. Tout cela n’est que fariboles et imagination.

Vendredi 06 octobre 2009 article du télégramme : « Sous la pierre d’une cheminée dans une maison en ruine rachetée par des Anglais, des ouvriers découvrent un crâne humain. Pour l’anecdote celui-ci servait de refuge à un sympathique grillon des chaumières. »


ANKOU * souvent comparé à la mort l'Ankou est le passeur des âmes qu'il vient chercher avec sa karrigell ( vieille cariole aux roues grinçantes.
RECTEUR * Curé en bretagne

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commentaires

R
<br /> Il a quand même eu ce qu'il désirait ce vieil homme après une brève excursion au cimetière...<br /> Merci à toi Passager <br /> <br /> <br />
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L
<br /> tout vient à point à qui sait...<br /> <br /> <br />
Z
<br /> c'est vrai, ça ne se fait pas, de ne pas respecter les dernières volontés, sauf si on veut se faire tirer les orteils la nuit par des fantômes !<br /> <br /> <br /> zerlina<br /> <br /> <br />
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  • : Penn Bazh bâton Breton
  • : Les Bretons brandissaient leurs terrible penn-bazh ! Je ne sais plus de quel ancien livre j'avais tiré cette phrase mais ce fut le début d'une belle aventure.
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