Au pays bigouden vivaient trois jolies filles . Toutes trois étaient amies et partageaient le même intérêt pour la … Chose légère. Nous
étions au saint temps de pâques et comme vous le savez , il n’est pas question pour un breton croyant, d’assister à la messe du vendredi Saint en état de péché.
A l’intérieur de l’église le prêtre confessait et, assises devant le porche, nos trois amies n’étaient pas pressée de lui faire face dans le confessionnal,
d’autant que le vieux curé ne badinait pas avec la vertu des jeunes filles.
- Jamais le curé ne voudra nous donner l’absolution. Dit la plus jeune. Cependant j’ai une idée. Pour avouer la chose à Dieu sans que le curé ne l’entende
utilisons une phrase que le curé ne comprendra pas mais que Dieu entendra, nous aurons ainsi le pardon du créateur et l’absolution du prêtre.
Après une rapide concertation la phrase siffler un air fut choisie et nos trois filles entrèrent dans l’église.
La plus jeune, qui avait de l’assurance, se confessa en premier d’avoir sifflé un air. Si elle avait pu voir le sourire bienveillant de monsieur le curé
admirant la pureté d’une jeunesse qui se reprochait si peu de chose, elle eut été complètement rassuré. L’absolution lui fut donnée et même accompagnée de quelques compliments paternels. Quand
vint le tour de la deuxième, l’abbé trouva la chose étrange mais bien vite son optimisme et sa confiance reprirent vite le dessus et le pardon octroyé. Pour la troisième… quand elle en vint à
confesser la même chose l’abbé se fit soupçonneux.
- Mon enfant, qu’entendez vous par siffler un air ? racontez moi.
La pauvre fille incapable de mentir devant le représentant de Dieu finit par tout avouer en pleurant. Monsieur le curé entra alors dans une sainte colère et
lui ordonna de rappeler immédiatement ses deux amies afin de leur retirer le pardon et leur donner une exemplaire pénitence. Quelques minutes plus tard nos trois jeunes filles se retrouvaient en
pleurs à réciter des pater au pied de l’autel.
Il y avait dans l’église attendant d’être confessée une vieille bigote de soixante dix ans que les pleurs des jeunes filles avait intrigué. Elle s’approcha
de la plus jeune.
- Qu’avez vous donc ma pauvre enfant ?
-Ah ! Madame, monsieur le curé m’a refusé l’absolution pour avoir sifflé un air.
- Mais qu’entendez vous par là.
N’osant avouer son forfait la jeune fille lui déclara
- Madame, c’est s’être oubliée dans l’église.
- Ah ! Mon Dieu ! Fit la vieille épouvantée, est-ce donc un si grand péché que cela ! Et moi qui ne m’en accusait jamais !
Il faut vous avouer que la vieille avait la digestion difficile et que sans respect pour notre seigneur il lui arrivait de mêler aux odeurs de l’encens
quelques fumets personnels et sans vouloir être mauvaise langue je peux vous dire que ses collants se gonflaient et se dégonflaient quelquefois comme une bête qui respire. C’est affaire aux
vieilles dames de soupirer d’amour de cette façon.
L’instant d’après la bigote se présentait devant le saint tribunal
- qu’avez vous donc à vous faire pardonner ma bonne vieille Soize ? Demanda le curé. Sans doute quelques péchés de gourmandise ?
- Hélas mon père je dois vous confesser un péché que je n’ai jamais osé vous dire
- Lequel ? ¨fit le prêtre interdit
- Pardonnez moi mon père car j’ai beaucoup sifflé.
- Comment, malheureuse ! Vous aussi, à votre âge ! Vous n’avez pas honte.
Il lui fallut toute sa charité pour retenir l’anathème dont il allait foudroyer la pauvre dame interdite.
La cloche avait sonné, les oiseaux chantaient dans les champs, Que Pâque est une belle fête